Une marche blanche pour rendre hommage à Jonathan Aubry, mort dans une boîte de nuit à Pétange (2024)

23 décembre, aux alentours de 5h30 du matin. Au moment d’être réveillée par son petit frère, Faïza Aubry-Bouraï ne se doutait pas une seule seconde du drame qui s’était déroulé quelques heures plus tôt, dans une boîte de nuit de Pétange. Jonathan Aubry, son mari, est décédé après avoir été frappé par le videur des lieux. Plusieurs mois après le drame, les blessures restent vives pour les proches de la victime. «Les questions sont tellement nombreuses et les réponses manquent», souffle Faïza.

Avec un courage hors normes, elle a accepté de revenir sur les tristes événements qui continuent de la hanter. «Afin de ne pas oublier la mémoire de Jonathan et de réaffirmer que nous nous battrons pour que justice soit faite». Rappelons que celui que l’on surnommait affectueusem*nt «Panzer» était sorti à Pétange dans le cadre de la fête de fin d’année de son travail. «Pour une raison que personne ne comprend, il a pris un coup de poing mortel de la part de la personne chargée de la sécurité. Nous sommes très en colère: une personne est sortie pour passer un bon moment mais n’est jamais revenue chez elle», rappelle Me Bruno Vier, avocat de la famille.

Pour ce dernier, aucun élément ne permet d’attester d’un comportement agressif de la part de la victime, qui était âgée de 35 ans et était originaire de Longuyon. «Nous étions dans un contexte festif, il a simplement voulu retirer son t-shirt», rappelle l’avocat. La situation a dégénéré lorsque le videur, pourtant expérimenté, lui portera ce coup qui se révèlera fatal. «Que monsieur ait bu ou non ne doit pas entrer en ligne de compte dans la détermination de l’infraction qui a été commise. Le coup qu’il a reçu était totalement injustifié. D’ailleurs, il n’a été fait état d’aucune agression de sa part auprès des autres clients ou même du videur».

Tant du côté des parties civiles que des avocats, tous pestent contre une certaine lenteur dans l’instruction. «Nous avons demandé des mesures d’instruction, des confrontations avec les différents témoins qui étaient présents sur place, des membres de l’entreprise où travaillait Monsieur Aubry. Nous avons demandé une expertise psychologique de l’auteur présumé. Nous avons demandé son interrogatoire afin qu’il réponde à nos questions. À l’heure actuelle, rien n’a été effectué.M. Aubry est mort depuis cinq mois et l’affaire n’a pas avancé d’un pouce», regrette Me Anthony Winkel, avocat de la famille. «Cela fait également des mois que l’on réclame une reconstitution».

L’auteur présumé libéré quelques jours plus tard

Le coup de grâce pour Faïza et ses proches est survenu peu de temps après le drame, lorsque l’auteur présumé des coups a été libéré fin décembre 2023, sous contrôle judiciaire. «Il a pu passer le Nouvel An avec ses proches tandis que de notre côté, nous étions toujours dans le désarroi le plus total».

Me Anthony Winkel va même plus loin. «Je m’étonne qu’on ait pu libérer quelqu’un inculpé d’homicide involontaire, sinon de coups et blessures ayant entraîné la mort, avant que l’autopsie complète du corps ne soit réalisée». Les avocats pointent également du doigt le propriétaire de la boîte de nuit, qui est «responsable des faits commis par ses salariés». «Nous avons donc également souhaité l’extension de la procédure à l’encontre de l’établissem*nt».

Afin de montrer qu’elles sont décidées à ne pas faire tomber la mémoire de Jonathan dans l’oubli, les parties civiles ont décidé d’organiser une marche blanche qui aura lieu ce vendredi 24 mai prochain, à Pétange. «Celle-ci a été autorisée par la commune», précise la famille.

La marche débutera à 14h, depuis la mairie, et fera halte devant la discothèque où le drame s’est joué. «Les participants seront invités à respecter une minute de silence. Il ne s’agit pas d’une provocation de notre part, la marche se veut pacifiste, dans un esprit positif. Il n’y aura aucun discours qui portera atteinte à la présomption d’innocence».

De nombreuses personnes sont attendues sur place. Il faut dire que Jonathan était quelqu’un de très apprécié dans la région. «Il touchait un peu à toutes les sphères», se souvient Faïza, avec qui elle s’était mise en couple il y a 16 ans avant de se marier avec lui en 2021. «Il faisait de la chasse et était au contact de toute cette communauté dans la région. Il a aussi fait du foot pendant de très nombreuses années. A Longuyon, il était donc très connu».

Jovial, souriant, avenant, serviable, etc. Pour les proches de «Panzer», les superlatifs manquent pour décrire sa personnalité solaire. «Il faisait beaucoup de musculation ces dernières années et il était très investi à ce niveau dans la ville», poursuit sa femme. Cela faisait désormais cinq ans qu’il travaillait au Luxembourg en tant que coordinateur de chantier dans une entreprise de Pétange. «Nous étions un couple très jovial, nous aimions la vie. Et aujourd’hui, on m’a arraché une partie de la mienne», dit-elle, en larmes.

Jovial, souriant, avenant, serviable, etc. Pour les proches de «Panzer», les superlatifs manquent pour décrire sa personnalité solaire. «Il faisait beaucoup de musculation ces dernières années et il était très investi à ce niveau dans la ville», poursuit sa femme. Cela faisait désormais cinq ans qu’il travaillait au Luxembourg en tant que coordinateur de chantier dans une entreprise de Pétange. «Nous étions un couple très jovial, nous aimions la vie. Et aujourd’hui, on m’a arraché une partie de la mienne», dit-elle, en larmes.

Faïza peine à se remettre de la disparition brutale de «l’amour de sa vie». «J’ai envie de croire en la justice luxembourgeoise mais je ressens un manque cruel d’empathie et de transparence. C’est très dur à vivre», confie-t-elle, la voix tremblotante. «Ne pas comprendre, c’est vraiment le plus douloureux».

L’épilogue judiciaire semble encore loin. Contacté, le Parquet de Luxembourg informe que «l’instruction est toujours en cours et des devoirs restent à exécuter». «Pour l’instant il n’est pas possible de prédire la fin de la phase d’instruction», explique-t-on. Du côté des avocats des parties civiles, on parle d’un procès, dans le meilleur des cas, vers la fin de l’année 2025. Les proches de Jonathan devront donc se montrer patients. «J’attendrai que justice soit faite. On sait que cela va être long, mais on ne lâchera pas», conclut Faïza.